Voyage à Choucha du fonctionnaire russe Andreï Mikhailovitch Fadeïev – Qarabag
Voyage à Choucha du fonctionnaire russe Andreï Mikhailovitch Fadeïev

En 1897, les mémoires d’Andreï Mikhailovitch Fadeïev (1790-1867), fonctionnaire de la Russie tsariste, gouverneur de la région de Saratov (1841-1846), membre du conseil d’administration de la région transcaucasienne (1846- jusqu’à sa mort) furent publiées. Qarabag.com présente le matériel sur le voyage et les impressions du fonctionnaire russe de la ville azerbaïdjanaise de Choucha et des représentants de la noblesse du Karabakh

Au cours de son voyage (qui eut probablement lieu en 1846 ou plus tard, après sa nomination en tant que membre du Conseil du département principal de la région transcaucasienne) au Karabakh, Andreï Mikhaylovitch Fadeïev se fut plaint de l’absence de routes, ou de mauvaises routes en direction de Choucha.
[Mémoires de Andreï Mikhailovitch Fadeïev, 1790-1867. En deux parties. 1897, pp. 94-95]

Sur le chemin de Choucha, Fadeïev déjeuna dans une « kibitka » (chariot couvert) sur la rive de la rivière Kouroutchay (l’affluent gauche de la rivière Araz traversant le territoire des districts de Khojavand et Fizuli). Il nota également que la route, située à 6 verstes (ancienne mesure de longueur utilisée en Russie, valant 1 066,8 mètres) de Choucha, qui grimpe une montagne abrupte et rocheuse, fut construite par un général russe d’origine arménienne, Valerian Grigorievitch Madatov. Selon le livre « Histoire du règne de l’empereur Alexandre Ier et de la Russie à son époque », 1871, cette route a été pavée en 1823-1825.
[Mémoires d’Andreï Mikhaïlovitch Fadeïev 1790-1867. En deux parties. 1897, pp. 94-95]
[Histoire du règne de l’empereur Alexandre I et de la Russie à son époque. Vol. VI. 1871, p. 328]

En arrivant à Choucha, Fadeïev nota que la ville était située au pied d’une montagne, à une altitude de plus de deux mille pieds au-dessus du niveau de la mer et qu’elle bénéficiait donc d’un climat sain et agréable. Des deux côtés de celle-ci se trouvaient des villages et des bâtiments de divers établissements d’anciens khans et de leurs familles, une forteresse et un grand camp régimentaire de l’armée locale. Les meilleures et les plus grandes structures d’architecture spéciale, sous forme de château, appartenaient aux descendants de la famille de l’ancien khan. La ville était assez étendue, partiellement embelli, avec des grandes maisons en pierre. Il n’y avait pas de jardins, mais presque toutes les maisons furent plantées d’arbres.
[Mémoires d’Andreï Mikhaïlovitch Fadeïev, 1790-1867. En deux parties. 1897, p. 95]

Pendant son séjour à Choucha, Fadeïev rencontra d’abord le knèze Konstantin Tarkhanov, qui fut probablement, le gouverneur de district de Choucha à l’époque et est devint plus tard gouverneur de Bakou, le gouverneur de la ville, Mouratchev et d’autres fonctionnaires et citoyens. Parmi eux se trouvèrent des représentants de la noblesse du Karabakh : Bedirjahan Beyim, épouse du dernier khan du Karabakh Mehti-Kuli khan, sa fille, poétesse et philanthrope Khourchoudbanou Natavan, épouse du deuxième khan du Karabakh Ibrahim Khalil Djavair-khanoum et son petit-fils Jafar-Kuli khan. Ils furent les chefs de l’aristocratie locale du Karabakh.
«  La riche veuve de Mehti-Kouli-khan (Bedirjahan Beyim), assez instruite et même laïque en termes orientaux, fut hospitalière envers les invités de passage et leur accordait gentiment un pechkech (cadeau) de son travail, un beau tapis. On créa toujours chez elle des tapis en grandes quantités, beaux, de différents motifs et tailles, toujours pas carrés, mais longs. Ses femmes effectuèrent ce travail dans la tranquillité du harem, et souvent la khanesse elle-même participa aux travaux. Les tapis ne furent pas fabriqués pour être vendus, mais pour être offerts en cadeau, que la khanesse fournissait généreusement à toutes ses connaissances en personne ou en les envoyant dans la région. Sa fille (Khourchoudbanou Natavan) vécut avec son mari, bey Hasay Ousmiïev, officier sous le gouverneur, une personne très jolie, qui par sa beauté mérita le nom de « Rose du Karabakh ». »
[Mémoires d’Andreï Mikhaïlovitch Fadeïev 1790-1867. En deux parties. 1897, p. 96]
[E. Ismaïlov. Caucase et la mondialisation. Vol. VIII, éditions 3-4, 2014. Article : Les Khans du Karabakh : une description générationnelle de la lignée des aînés, p. 140]

« La khanesse douairière Djavaïr Khanoum, une dame tatare âgée et très importante, maintint soigneusement la majesté de son khan. Selon la rumeur, elle serait d’origine chrétienne, issue de princesses géorgiennes, saisie dans son enfance par les Tatars qui l’eurent envoyée dans le harem du khan où elle fut convertie à l’islam et devint la principale épouse du khan. On dit qu’elle est maintenant une musulmane zélée, mais peut-être à cause de son ancienne foi, ou peut-être à cause d’un certain sentiment de sympathie pour elle, qui n’avait pas encore été émoussé par de nombreuses années d’islamisme, elle ne peut  pas supporter les cloches de l’église, et à leur son, elle se bouche en vitesse les oreilles. »

L’origine géorgienne de l’une des épouses d’Ibrahim Khalil khan est confirmée dans un article de l’historien azerbaïdjanais Eldar Ismaïlov. Il indique que Djavaïr Khanoum (née Sofia) fut la fille d’un knèze géorgien, Yevgenii Abachidze. Selon Fadeïev, Djavair-Khanoum et la veuve de Mehti-Kouli-khan rendirent visite à la knèze Vorontsova à Tiflis, avec une grande suite de serviteurs et de servantes et en observant toutes les étiquettes et cérémonies orientales convenant à leur dignité.
[Mémoires d’Andreï Mikhaïlovitch Fadeïev 1790-1867. En deux parties. 1897, pp. 96-97]
[E. Ismaïlov. Caucase et la mondialisation. Article : Les Khans du Karabakh : description générationnelle de la lignée des aînés. Vol. VIII, éditions 3-4, 2014, p. 136]

« Djafar-Kouli-Khan fut un colonel d’une soixantaine d’années, qui parla couramment le russe, qu’il avait probablement appris à Saint-Pétersbourg, où il resta en service pendant six ans, puis pendant deux autres années à Simbirsk, où il fut exilé. (Il fut déporté par les autorités en 1822 et revint au Karabakh en 1830). À Choucha, il vécut de manière tout à fait décente, on pourrait dire large, et avec une saveur européenne-tatare. Il m’invita à dîner avec lui, et pour me faire connaître son mode de vie et ses plaisirs, il fit un grand festin avec des danses asiatiques, de la musique, des chants, mais bien sûr avec du champagne ; et le soir, il me fit jouer au boston, cela dura bien après minuit, et je rentrai chez moi la tête lourde. »  
[Mémoires d’Andreï Mikhaïlovitch Fadeïev 1790-1867. En deux parties. 1897, p. 96]
[E. Ismaïlov. Caucase et la mondialisation. Article : Les Khans du Karabakh : l’origine du khanat, la subordination du khanat à l’empire russe et l’abolition du pouvoir du khan. Vol. VIII, éditions 1-2, 2014, p. 167]
[E. Ismailov. Caucase et la mondialisation. Article : Khans du Karabakh : description générationnelle de la lignée des aînés. Vol. VIII, éditions 3-4, 2014, p. 154]

En outre, Fadeïev note que dans la parcelle Astar-Abad, à trente verstes de la ville de Kouba, Djafar-Kouli-khan se fut vu attribuer par l’État des plantations de garance (une plante utilisée dans la production de teinture).
[Mémoires de Andreï Mikhailovitch Fadeïev, 1790-1867. En deux parties. 1897, p. 153]

En quittant Choucha, Fadeïev visita le théâtre une dernière fois et le trouva tout à fait décent pour un comté et une ville tartare. Après le diner chez Tarkhanov, avant de partir pour la ville de Cheki, Fadeïev visita le jardin de l’epouse de Mehti-Kouli-khan, à dix verstes de Choucha, où il passa la nuit en raison d’un déluge.
[Mémoires d’Andreï  Mikhaïlovitch Fadeïev 1790-1867. En deux parties. 1897, p. 97]

Dans le livre « Mémoires d ‘Andreï  Mikhaïlovitch Fadeïev 1790-1867 » 1897,  il y a un chant militaire transcaucasien prétendument dédiée à Djafar-Kouli-khan.

Ay luli, ay luli,
Près du village de Kululi
Kalantarov s’est dégonflé
Et Djafar-Kouli s’est enfui.
Il s’est enfui sans un regard en arrière,
Avec ses talons en l’air ;
Ainsi courait Djafar-Kouli.
[Mémoires d’Andreï Mikhaïlovitch Fadeïev 1790-1867]. En deux parties. 1897, p. 96]

image_pdfimage_print
Résolutions des Nations Unies sur le Haut-Karabagh