{"id":6295,"date":"2020-11-29T15:39:19","date_gmt":"2020-11-29T11:39:19","guid":{"rendered":"http:\/\/qarabag.com\/?p=6295"},"modified":"2020-12-01T12:01:45","modified_gmt":"2020-12-01T08:01:45","slug":"la-reincarnation-du-karabakh-russe-1991-2020","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/qarabag.com\/la-reincarnation-du-karabakh-russe-1991-2020\/","title":{"rendered":"La r\u00e9incarnation du Karabakh russe: 1991-2020"},"content":{"rendered":"

L’id\u00e9e d’annexer le Haut-Karabakh \u00e0 la Russie a \u00e9t\u00e9 avanc\u00e9e par les repr\u00e9sentants des nationalistes arm\u00e9niens en septembre 1991. Ensuite, les dirigeants de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie ont tent\u00e9 pour la premi\u00e8re fois de jouer le r\u00f4le d’arbitre dans le conflit du Karabakh. En novembre 2020, avec l’introduction des soldats de la paix russes, l’id\u00e9e du \u00abKarabakh russe\u00bb est n\u00e9e sous une forme quelque peu voil\u00e9e et transform\u00e9e. Maintenant, il n’est pas tant exprim\u00e9 par les Arm\u00e9niens que par les politiciens, les experts et les publications d’information russes.<\/strong><\/p>\n

“Le repr\u00e9sentant du Haut-Karabakh A. Manoutcharov a propos\u00e9… de rejoindre la Russie<\/a>“, – rapportait le journal moscovite “Izvestia” le 23 septembre 1991.<\/p>\n

\"\"<\/a><\/span>L’originaire de Stepanakert (Khankendy), Arcady Manoutcharov \u00e0 la fin des ann\u00e9es 1980 et au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990 \u00e9tait l’un des principaux dirigeants du mouvement nationaliste arm\u00e9nien du Haut-Karabakh. Il a annonc\u00e9 l’id\u00e9e de joindre cette r\u00e9gion \u00e0 la Russie apr\u00e8s les quatre premi\u00e8res ann\u00e9es de la crise du Karabakh, qui a commenc\u00e9 en f\u00e9vrier 1988 avec des manifestations massives des Arm\u00e9niens de Stepanakert, qui ont pr\u00e9sent\u00e9 des demandes de s\u00e9cession de la R\u00e9publique sovi\u00e9tique d’Azerba\u00efdjan et de rejoindre l’Arm\u00e9nie. En 1990-1991, cette crise politique s’est transform\u00e9e en un conflit militaire croissant.<\/p>\n

Le 17 ao\u00fbt 1991, au milieu de l’effondrement d\u00e9j\u00e0 in\u00e9vitable de l’Union sovi\u00e9tique, les pr\u00e9sidents de la Russie et du Kazakhstan ont convenu de faire des efforts pour r\u00e9soudre le conflit du Karabakh par des n\u00e9gociations. Pour la premi\u00e8re fois, la Russie moderne a tent\u00e9 de jouer le r\u00f4le d’arbitre dans la confrontation entre Arm\u00e9niens et Azerba\u00efdjanais. Le 21 septembre, Boris Eltsine et Noursoultan Nazarba\u00efev sont arriv\u00e9s \u00e0 Bakou, ils sont all\u00e9s de l\u00e0 \u00e0 Stepanakert, et le 22 septembre ils \u00e9taient \u00e0 Erevan. Le lendemain, les n\u00e9gociations avec la participation de l’Azerba\u00efdjan, de l’Arm\u00e9nie (y compris des repr\u00e9sentants des nationalistes arm\u00e9niens du Haut-Karabakh), de la Russie et du Kazakhstan se sont poursuivies dans le sud de la Russie – \u00e0 Zheleznovodsk. Le communiqu\u00e9 conjoint final a \u00e9t\u00e9 annonc\u00e9 tard dans la soir\u00e9e du 23 septembre.<\/p>\n

“Nous esp\u00e9rons que le communiqu\u00e9 sera mis en \u0153uvre. Et le processus de n\u00e9gociation commencera sur une base continue”, a alors d\u00e9clar\u00e9 le pr\u00e9sident Eltsine<\/a>. “Nous esp\u00e9rons que le document deviendra op\u00e9rationnel”, a ajout\u00e9 Nazarba\u00efev.<\/p>\n

Arkady Manoutcharov<\/em> susmentionn\u00e9 a \u00e9galement pris part \u00e0 ces n\u00e9gociations, bien que la R\u00e9publique autoproclam\u00e9e du Haut-Karabakh un an auparavant n’ait pas \u00e9t\u00e9 un participant reconnu aux r\u00e9unions des 22-23 septembre 1991. Dans le m\u00eame temps, Manoutcharov a exprim\u00e9 l’id\u00e9e de joindre le Haut-Karabakh \u00e0 la Russie. C’\u00e9tait une option alternative – au cas o\u00f9 il ne serait pas possible de rejoindre l’Arm\u00e9nie ou de devenir une “r\u00e9publique libre” formellement dans le cadre de l’effondrement de l’Union sovi\u00e9tique.<\/p>\n

Un autre membre de la “d\u00e9l\u00e9gation du Karabakh” a particip\u00e9 aux r\u00e9unions \u00e0 Stepanakert avec les pr\u00e9sidents de la Russie et du Kazakhstan. C’\u00e9tait le journaliste russe Andr\u00e9 Nouykine, la m\u00eame ann\u00e9e, \u00e0 Moscou, il est devenu accus\u00e9 dans une affaire p\u00e9nale de \u201cl’incitation \u00e0 la haine ethnique” en raison d’articles dans l’esprit du nationalisme arm\u00e9nien.<\/p>\n

Il est r\u00e9v\u00e9lateur que dans la d\u00e9l\u00e9gation du “Karabakh” (!), qui pr\u00e9tendais repr\u00e9senter l’ensemble du Haut-Karabakh, ainsi que dans d’autres “organes repr\u00e9sentatifs” des nationalistes arm\u00e9niens de cette r\u00e9gion, il n’y avait pas de place pour un porte-parole des int\u00e9r\u00eats des Azerba\u00efdjanais locaux. Et ceci malgr\u00e9 le fait qu’en 1989, ils \u00e9taient environ 40 000 des 180 000 habitants de la r\u00e9gion autonome. Mais la “d\u00e9l\u00e9gation du Karabakh” \u00e9tait repr\u00e9sent\u00e9e par un sib\u00e9rien Andr\u00e9 Nouykine.<\/p>\n

Le 18 octobre 1991, dans les pages du journal “Izvestia”, il a pr\u00e9sent\u00e9 la position des dirigeants du mouvement nationaliste arm\u00e9nien du Haut-Karabakh dans le cadre des n\u00e9gociations. Nouykine a not\u00e9: “L’accord de 1813 sur l’entr\u00e9e volontaire du Haut-Karabakh dans l’Etat russe n’a pas \u00e9t\u00e9 conclu pour une certaine p\u00e9riode, mais pour des temps \u00e9ternels…”. Comme il ressortait de cette d\u00e9claration, les nationalistes arm\u00e9niens \u00e9taient m\u00eame pr\u00eats \u00e0 reconna\u00eetre le pouvoir russe sur eux-m\u00eames – juste pour s\u00e9parer le Haut-Karabakh de l\u2019Azerba\u00efdjan.<\/p>\n

L’expression de la m\u00eame id\u00e9e par deux membres de la “d\u00e9l\u00e9gation du Karabakh” t\u00e9moigne du fait qu’en 1991, en craignant les cons\u00e9quences impr\u00e9visibles d’un conflit militaire de grande ampleur, les dirigeants politiques des nationalistes arm\u00e9niens ont s\u00e9rieusement envisag\u00e9 l’option du “Karabakh russe”.<\/p>\n

Puis, au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990, la mission de maintien de la paix de la Russie et du Kazakhstan n’a pas emp\u00each\u00e9 une guerre \u00e0 grande \u00e9chelle. Les Arm\u00e9niens sont sortis victorieux. Les Azerba\u00efdjanais ont \u00e9t\u00e9 expuls\u00e9s non seulement du Haut-Karabakh, mais \u00e9galement de six r\u00e9gions adjacentes, qui sont g\u00e9n\u00e9ralement reconnues comme faisant partie int\u00e9grante de l’Azerba\u00efdjan. Enfin, en 2020, l’arm\u00e9e azerba\u00efdjanaise a lib\u00e9r\u00e9 les territoires occup\u00e9s. Aujourd’hui, l’Arm\u00e9nie a d\u00e9j\u00e0 subi une d\u00e9faite \u00e9crasante. La Russie a de nouveau jou\u00e9 le r\u00f4le d’arbitre. Et \u00e0 nouveau, pr\u00e8s de 30 ans plus tard, l’id\u00e9e du “Karabakh russe” est n\u00e9e.<\/p>\n

Comme la derni\u00e8re fois, il est exprim\u00e9 officieusement pour le moment, mais maintenant non seulement et pas tant par des repr\u00e9sentants des nationalistes arm\u00e9niens du Haut-Karabakh que par des politiciens, des experts et des journaux d’information russes:<\/p>\n