{"id":4327,"date":"2020-11-02T08:54:30","date_gmt":"2020-11-02T04:54:30","guid":{"rendered":"http:\/\/qarabag.com\/?p=4327"},"modified":"2020-11-06T13:33:18","modified_gmt":"2020-11-06T09:33:18","slug":"des-documents-revelent-le-secret-du-miracle-armenien-du-karabakh","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/qarabag.com\/des-documents-revelent-le-secret-du-miracle-armenien-du-karabakh\/","title":{"rendered":"Des documents r\u00e9v\u00e8lent le secret du \u201cmiracle arm\u00e9nien ” du Karabakh"},"content":{"rendered":"
[vc_row][vc_column][vc_message]En 100 ans, sur la minorit\u00e9 de 20% au Karabakh, les arm\u00e9niens sont devenus la majorit\u00e9 absolue dans la partie haute, repr\u00e9sentant 94% de la population. C’est ce qui leur a permis d’y acqu\u00e9rir une autonomie qui, dans les ann\u00e9es 1990, a absorb\u00e9 la partie basse du Karabakh, devenant la \u00abR\u00e9publique d’Artsakh\u00bb. Comment en si peu de temps, une si merveilleuse r\u00e9incarnation de 20% \u00e0 94% est racont\u00e9e par les documents officiels du XIXe et du d\u00e9but du XXe si\u00e8cle.<\/span><\/strong>[\/vc_message][vc_column_text]<\/p>\n Composition ethnique du Karabakh avant la migration des arm\u00e9niens<\/strong><\/span><\/p>\n Deux ans avant l’incorporation officielle du khanat du Karabakh dans l’Empire Russe, le 19 juillet 1811<\/strong>, une note de service \u201cd\u00e9crivant la G\u00e9orgie et certaines autres r\u00e9gions du Caucase\u201d a \u00e9t\u00e9 r\u00e9dig\u00e9e au ministre de l’int\u00e9rieur Osip Kozodavlev. Elle a rapport\u00e9:<\/span><\/p>\n \u201cDans la possession de Karabakh, on compte jusqu’\u00e0 12 familles, dont des arm\u00e9niens jusqu’\u00e0 2500 familles, et des Tatars ou des mahom\u00e9tans (musulmans)\u201d. Ainsi, nous avons un document officiel attestant qu’au d\u00e9but du XIXe si\u00e8cle, sur le nombre total de familles vivant au Karabakh, les arm\u00e9niens ne repr\u00e9sentaient que 20.8%. Cela constitue d\u00e9j\u00e0 une r\u00e9futation sans \u00e9quivoque des all\u00e9gations selon lesquelles les arm\u00e9niens y \u00e9taient depuis longtemps majoritaires.<\/span><\/span><\/p>\n Dix ans apr\u00e8s l’incorporation officielle du Karabakh dans l’\u00e9tat Russe (1813), deux fonctionnaires, apr\u00e8s avoir parcouru tout l’ancien khanat, ont pr\u00e9sent\u00e9 \u00e0 leurs sup\u00e9rieurs, le 17 avril 1823<\/strong>, une \u201cDescription de la province du Karabakh\u201d. Ce document indiquait l\u2019origine ethnique de chaque village ainsi que le nombre de familles qui y vivaient. Cela permet de calculer la composition ethnique de la population. Ainsi, sur les villages 614, 450 sont r\u00e9pertori\u00e9s comme \u201cTatars\u201d (c’est \u2013 \u00e0-dire turcs), 150 comme arm\u00e9niens. 20.095 familles y vivaient: 15.729 (78.3%) \u2013 \u201cTatars\u201d, 4.366 (21.7%) \u2013 arm\u00e9niens. D\u2019apr\u00e8s les deux documents officiels cit\u00e9s, la composition ethnique du Karabakh n\u2019a pas chang\u00e9 au cours des deux premi\u00e8res d\u00e9cennies du si\u00e8cle pr\u00e9c\u00e9dent et les arm\u00e9niens repr\u00e9sentaient environ 20% de la population.<\/span> Dans ce contexte, la remarque de l’enseignant de l’\u00e9cole de la ville de Chouchinsky, Ambartsum Ter-Eliazarov, est r\u00e9v\u00e9latrice. \u00c0 la fin des ann\u00e9es 1880, il a pr\u00e9par\u00e9 un aper\u00e7u des principales sph\u00e8res de la production et de l’\u00e9conomie du District de Choucha, qui est devenu un peu plus de 20 ans plus tard le principal territoire pour la cr\u00e9ation de la R\u00e9gion Autonome arm\u00e9nienne du Haut-Karabakh. D\u00e9crivant la composition ethnique de ce comt\u00e9, Ter-Eliazarov explique que les \u201cTatars\u201d (c’est-\u00e0-dire les turcs) sont des \u00abautochtones\u00bb.<\/span> Et, en mentionnant les arm\u00e9niens, il n’a pas fait de telles explications. R\u00e9installation des arm\u00e9niens iraniens et turcs au Karabakh<\/strong><\/span><\/p>\n En 1828-1830<\/strong>, les autorit\u00e9s russes ont d\u00e9plac\u00e9 environ 140.000 arm\u00e9niens d’Iran et de Turquie vers le Caucase du Sud.<\/span> Ils ont \u00e9t\u00e9 plac\u00e9s sur les territoires des anciens khanats du Karabakh, d’Erivan et du Nakhitchevan. On ne sait pas exactement combien de migrants arm\u00e9niens ont \u00e9t\u00e9 install\u00e9s au Karabakh. Mais ce nombre \u00e9tait important, en t\u00e9moignent les fragments suivants de documents officiels de l’\u00e9poque:<\/span><\/p>\n \u201c … La transition des chr\u00e9tiens d’Aderbizhan dans nos r\u00e9gions, comme on peut le voir \u00e0 partir des rapports que j’ai re\u00e7us r\u00e9cemment, se fait avec succ\u00e8s et est maintenant \u00e9tablie d\u00e9j\u00e0 \u00e0 la r\u00e9sidence \u00e0 Karabakh 279<\/span> et dans la r\u00e9gion d’Erivan 948 familles<\/span>, le nombre de tous les colons selon l’assurance du r\u00e9giment. Lazareva s’\u00e9tendra \u00e0 plus de 5000 familles.\u201d \u201cAlors que plus de 5 000 familles approchaient d’Arax…, j’ai re\u00e7u \u00e0 l’origine l’attitude du Conseil R\u00e9gional Arm\u00e9nien, dans lequel il m’informait que, par manque de pain, il ne pouvait pas donner l’aide n\u00e9cessaire aux colons en s\u00e9jour, et a demand\u00e9 de les retenir jusqu’\u00e0 la r\u00e9union de la moisson. Peu de temps apr\u00e8s le 8 mai, j’ai re\u00e7u l’ordre de votre Excellence, en date du 24 avril, n \u00b0 926, de faire en sorte que la plupart des colons, en particulier les plus pauvres, se rendent au Karabakh<\/span>, o\u00f9 ils peuvent \u00eatre assur\u00e9s en tout\u201d. “Chef du d\u00e9tachement de Bayasette gen.-m (major-g\u00e9n\u00e9ral) Reoutte du 20 d\u00e9cembre notifi\u00e9 \u00e0 moi, que Votre Excellence daignait accorder aux arm\u00e9niens de la ville de Bayasette (est de la Turquie moderne) dans le nombre de 1143 familles d’\u00e9lire pour la relocalisation de leur terre garnies dans la r\u00e9gion Arm\u00e9nienne dans les districts: Talyshsky, Darachichagsky et Abaransky; et deux mille familles de sanjaques de pachalyk de Bayazette ont propos\u00e9 de restaurer le Karabakh de la province.<\/span> Ces derni\u00e8res familles, ne voulant pas \u00eatre s\u00e9par\u00e9es… avec les habitants de la ville de Bayasette, ont envoy\u00e9 des commissaires et ont demand\u00e9 \u00e0 les conduire avec les premiers ici dans la r\u00e9gion… dans les trois districts susmentionn\u00e9s de la r\u00e9gion Arm\u00e9nienne, il est possible de s’installer seulement jusqu’\u00e0 800 familles…\u201d. \u00c9volution de la composition ethnique du Karabakh apr\u00e8s la migration arm\u00e9nienne<\/strong><\/span><\/p>\n Dans les ann\u00e9es 1830<\/strong>, c’est-\u00e0-dire quelques ann\u00e9es apr\u00e8s la r\u00e9installation massive des arm\u00e9niens iraniens et turcs dans le Caucase du Sud, l’un des fondateurs de la soci\u00e9t\u00e9 g\u00e9ographique de Paris, Jean-Baptiste Beno\u00eet Eyri\u00e8s, s’est rendu ici. Il a publi\u00e9 ses notes de voyage \u00e0 Paris en 1839 sous la forme d’un livre intitul\u00e9 \u00abVoyage pittoresque en Asie et en Afrique, r\u00e9sum\u00e9 g\u00e9n\u00e9ral des voyages anciens et modernes\u00bb. Malheureusement, seules des versions abr\u00e9g\u00e9es de ce livre ont \u00e9t\u00e9 conserv\u00e9es dans les biblioth\u00e8ques centrales parisiennes, dont le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, ainsi que dans les archives de la soci\u00e9t\u00e9 g\u00e9ographique de Paris. Mais nous avons \u00e0 notre disposition sa traduction russe, publi\u00e9e \u00e0 Moscou en 1840. Il contient une description de deux pages du Karabakh. Concernant la composition ethno-religieuse des habitants, le voyageur fran\u00e7ais a not\u00e9:<\/span><\/p>\n \u201cLa population se compose principalement de musulmans, \u00e0 savoir les Tatars (turcs) et les Kurdes, qui sont 14,000 familles. Pas petit, et des arm\u00e9niens, qui sont la moiti\u00e9 moins”. Ainsi, dans les ann\u00e9es 1830, le nombre de familles au Karabakh \u00e9tait de l’ordre de 21.000. C’est presque autant qu’en 1823. Mais le rapport entre les arm\u00e9niens et les musulmans a clairement chang\u00e9. Alors qu’en 1823, les arm\u00e9niens repr\u00e9sentaient moins de 22% du nombre total de familles vivant au Karabakh, dans les ann\u00e9es 1830, leur part est pass\u00e9e \u00e0 33%.<\/span><\/p>\n La fiabilit\u00e9 des informations d’Eyries est indirectement confirm\u00e9e par les donn\u00e9es contenues dans le document \u201cRevue des possessions russes au-del\u00e0 du Caucase\u201d, imprim\u00e9 \u00e0 Saint-P\u00e9tersbourg en 1836. Dans ce document, la composition ethnique de la population de la \u00abprovince du Karabakh\u00bb n’est pas sp\u00e9cifi\u00e9e, mais il existe des donn\u00e9es sur le nombre de familles \u2013 20.449. Il s’av\u00e8re que de 1823 \u00e0 1836, le nombre de familles au Karabakh a l\u00e9g\u00e8rement augment\u00e9 \u2013 de 20.095 \u00e0 20.449. Mais dans le m\u00eame temps, le rapport entre les arm\u00e9niens et les musulmans a subi des changements importants:<\/span><\/p>\n \u00c9viction des musulmans du Karabakh<\/strong><\/span><\/p>\n Comment une augmentation aussi sensible de la part des arm\u00e9niens au Karabakh a-t-elle \u00e9t\u00e9 possible avec une croissance aussi faible de la population dans son ensemble? La r\u00e9ponse est contenue dans la note de service de 1828 de l’ambassadeur de l’Empire Russe en Perse Alexander Griboedov \u201cSur la r\u00e9installation des arm\u00e9niens de Perse dans nos regions\u201d. Ce document note:<\/span><\/p>\n \u201cLes arm\u00e9niens sont pour la plupart install\u00e9s sur les terres des propri\u00e9taires musulmans… les colons sont eux-m\u00eames \u00e0 l’\u00e9troit et \u00e0 l’\u00e9troit des musulmans<\/span>, qui ne sont pas contentes\u201d. \u201cMalgr\u00e9 l’abondance des terres non peupl\u00e9es, les colons ont naturellement cherch\u00e9 \u00e0 s’installer dans des villages abandonn\u00e9s par les habitants. C’\u00e9taient g\u00e9n\u00e9ralement des zones de terres les plus fertiles et irrigu\u00e9es; enfin, il y avait des habitations pr\u00eates \u00e0 l’emploi. Pendant ce temps, les autochtones n’ont pas quitt\u00e9 ces villages pour toujours. Ils fuirent dans les montagnes des d\u00e9sastres de la guerre (guerre russo-persane de 1826-1828) et revinrent presque tous en 1829. Ayant trouv\u00e9 leur logement occup\u00e9, ils sont entr\u00e9s dans des conflits avec de nouveaux propri\u00e9taires, parfois sortir victorieux, mais le plus souvent, oblig\u00e9s de c\u00e9der, install\u00e9s \u00e0 proximit\u00e9 dans des zones moins rentables ou sont all\u00e9s dans les montagnes, o\u00f9 ils ont construit de nouveaux villages et ont \u00e9t\u00e9 \u00e9tablis pour toujours\u201d. Le rapport de Vasily Bebutov, chef de la r\u00e9gion Arm\u00e9nienne cr\u00e9\u00e9e en 1828 sur le territoire des khanats d’Erivan et de Nakhitchevan, t\u00e9moigne du fait que l’expulsion des musulmans \u00e9tait omnipr\u00e9sente et que les arm\u00e9niens occupaient non seulement les villages d’o\u00f9, pendant la guerre russo-persane, tout ou partie des autochtones s’\u00e9taient r\u00e9fugi\u00e9s temporairement, mais aussi compl\u00e8tement peupl\u00e9s:<\/span><\/p>\n \u201cLes arm\u00e9niens qui \u00e9migrent de pachalyk de Bayasette (c’est-\u00e0-dire de la Turquie) dans la r\u00e9gion Arm\u00e9nienne ont commenc\u00e9 \u00e0 r\u00e9sider et exigent des villages occup\u00e9s par des autochtones pour leurs villages\u201d. L\u2019expulsion des habitants musulmans autochtones a \u00e9t\u00e9 effectu\u00e9e par des colons arm\u00e9niens avec la complicit\u00e9 des autorit\u00e9s russes.<\/span> Sous cela, m\u00eame le cadre r\u00e9glementaire a \u00e9t\u00e9 r\u00e9sum\u00e9. Elle \u00e9tait contenue dans \u201cL’ordonnance de I. F. Paskevich au conseil provisoire d’Erevan sur l’organisation de l’accueil et du placement des colons de Perse ” de 29 f\u00e9vrier 1828. Le comte Ivan Paskevich \u00e9tait le commandant des troupes Russes dans le Caucase. En donnant des instructions sur l’organisation de la r\u00e9installation des arm\u00e9niens iraniens, il a d\u00e9cid\u00e9:<\/span><\/p>\n \u201cD’\u00e9viter par tous les moyens, afin que de nouveaux villages chr\u00e9tiens n’ont pas \u00e9t\u00e9 mixtes avec musulmanes, mais essayer d’\u00eatre des chr\u00e9tiens s\u00e9par\u00e9s, districts ou magales, et pour entrer dans l’examen, vous ne pouvez pas savoir si certains musulmans du village de traduire dans les endroits les plus peupl\u00e9s de leur coreligionnaires; le village chretiennes, parmi les musulmans d’aujourd’hui sont relog\u00e9s \u00e0 l’\u00e9gard des chr\u00e9tiens\u201d. C’est ainsi qu’\u00e0 la fin des ann\u00e9es 1820, le changement artificiel de la composition ethnique de la population du Karabakh a \u00e9t\u00e9 initi\u00e9 par l’installation de migrants arm\u00e9niens en provenance de Perse, ainsi que par la r\u00e9installation d’arm\u00e9niens d’autres r\u00e9gions du Caucase et par l’expulsion simultan\u00e9e de musulmans.<\/span><\/span><\/p>\n Mais malgr\u00e9 cela, dans les quatre comt\u00e9s de province de Elizavetpol (Ganja), instruits en 1867, sur les terres de l’ancien khanat de Karabakh, encore plus d’un demi-si\u00e8cle ont continu\u00e9 \u00e0 dominer num\u00e9riquement les musulmans, absolu, dont la plupart \u00e9taient des turcs (cela s’applique \u00e0 Zangezour <\/strong>\u2013 selon le t\u00e9moignage de Mirza Jamal, ancien vizir du khanat de Karabakh, \u201cles districts de Zangezour en Nakhitchevan\u201d ont \u00e9t\u00e9 inclus dans sa composition dans les ann\u00e9es 1750. Dans le recensement de 1876<\/strong>, bien que le nombre de groupes ethniques n’ait pas \u00e9t\u00e9 indiqu\u00e9, il a \u00e9t\u00e9 d\u00e9sign\u00e9 \u00abpopulation pr\u00e9dominante\u00bb. Sur les 14 districts des quatre districts qui existaient sur le territoire du Karabakh, les 12 \u00abpeuples pr\u00e9dominants\u00bb d\u00e9signent en premier lieu les \u00abtatars\u00bb (c’est-\u00e0-dire les turcs).<\/span> Et seulement dans deux sites-les arm\u00e9niens (Khankendy \u2013 dans le district de Choucha, et Karaklis \u2013 dans le district de Zangezour).<\/span><\/p>\n En outre, dans le plus grand district sur le territoire de l’ancien khanat du Karabakh, district de Choucha, qui est devenu en 1923 la base de la cr\u00e9ation de la R\u00e9gion autonome arm\u00e9nienne du Haut-Karabakh, des quatre sections de deux arm\u00e9niens dans le recensement de 1876 ne sont pas mentionn\u00e9s du tout. Cons\u00e9quences du boom d\u00e9mographique chez les immigrants arm\u00e9niens<\/strong><\/span><\/p>\n Pour la premi\u00e8re fois, des changements \u00e9vidents dans la composition ethnique de la population du Karabakh se sont manifest\u00e9s dans les ann\u00e9es 1880.<\/span><\/p>\n Dans 1886<\/strong>, le Comit\u00e9 de statistique du Caucase a publi\u00e9 un ensemble de donn\u00e9es provenant des listes semestrielles de la province d’Elizavetpol (Ganja). Il s’ensuit que \u201cles Tatars pr\u00e9dominent ” dans tous les districts de l’ancien khanat du Karabakh, \u00e0 l’exception de Choucha, o\u00f9 les arm\u00e9niens repr\u00e9sentaient d\u00e9j\u00e0 58% de la population. Selon les statistiques de 1889<\/strong>, sur les quatre districts de l’ancien khanat du Karabakh dans l’un, district de Choucha, les arm\u00e9niens ont conserv\u00e9 la majorit\u00e9, bien que leur part dans la population de 1886 soit pass\u00e9e de 58% \u00e0 54.5%. Dans un autre comt\u00e9, Zangezour, ils repr\u00e9sentaient exactement la moiti\u00e9 des habitants (49.4%). Et dans la ville principale du Karabakh, Choucha, les arm\u00e9niens \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 largement domin\u00e9s (60%). Les musulmans sont rest\u00e9s \u00e0 une nette majorit\u00e9 dans seulement deux comt\u00e9s \u2013 Djebrail (75.5%) et Djevanshir (70%). Bien que dans l’ensemble du Karabakh, les musulmans dominaient encore, repr\u00e9sentant 54.4% contre 45.5% des arm\u00e9niens. Comment se fait \u2013 il qu’en 1876, les musulmans \u00e9taient majoritaires dans les quatre districts du Karabakh, et en 1889 seulement dans deux? La r\u00e9ponse r\u00e9side non seulement dans la politique d’expulsion des musulmans d\u00e9crite ci-dessus, mais aussi dans les conditions cr\u00e9\u00e9es par les autorit\u00e9s russes pour les colons arm\u00e9niens d’Iran et de Turquie de 1828 \u00e0 1830.<\/span><\/p>\n Ainsi, dans l’un des \u201cr\u00e8glements\u201d \u201csur l’organisation de la r\u00e9installation des arm\u00e9niens de Perse\u201d du 26 f\u00e9vrier 1828, le commandant en chef Paskevich a indiqu\u00e9:<\/span><\/p>\n “…Les colons seront dot\u00e9s d’une terre confortable en quantit\u00e9 suffisante et seront exempt\u00e9s des d\u00e9p\u00f4ts (imp\u00f4ts nationaux) pour 6 ans, et des devoirs de la terre (taxes r\u00e9gionales et municipales) pour les 3 ans\u201d. Comme il ressort du m\u00eame document, chaque famille de colons a re\u00e7u une aide unique de l’\u00e9tat d’un montant de 10 roubles en argent.<\/span><\/p>\n Dans une autre \u201cordonnance\u201d du 29 f\u00e9vrier 1828, Paskevich donne l’instruction suivante concernant l’h\u00e9bergement des migrants arm\u00e9niens: \u201cchoisissez les endroits pour les villages les plus confortables, les plus sains et ceux o\u00f9 il n’y aurait pas de p\u00e9nurie d’eau”. Subordonn\u00e9 de Paskevich, le colonel Lazarev, qui dirigeait directement la r\u00e9installation des arm\u00e9niens d’Iran, a c\u00e9l\u00e9br\u00e9 le 30 mars 1828 dans son appel aux migrants:<\/span><\/p>\n “…Le g\u00e9n\u00e9reux Monarque Russe donne \u00e0 ceux qui souhaitent d\u00e9m\u00e9nager un refuge s\u00fbr, calme et heureux dans son \u00e9tat \u2013 \u00e0 Erivan, Nakhitchevan et Karabakh, o\u00f9 vous choisirez vous-m\u00eame, vous recevrez en abondance une terre de pain, en partie sem\u00e9e…\u201d. \u201cCes arm\u00e9niens-colons … ont peupl\u00e9 les vall\u00e9es les plus favorables \u00e0 l’agriculture des pentes du Nord-est de la cha\u00eene du Karabakh et les parties irrigu\u00e9es de la steppe du Karabakh.\u201d Ainsi, outre le fait que les arm\u00e9niens d’Iran et de Turquie expulsaient les musulmans des meilleurs endroits, les autorit\u00e9s cr\u00e9aient pour eux les conditions socio-\u00e9conomiques les plus avantageuses.<\/span> Apr\u00e8s tout, aucun avantage pour les musulmans, l’\u00e9tat n’a pas introduit. En cons\u00e9quence, dans les ann\u00e9es 1830, les colons arm\u00e9niens b\u00e9n\u00e9ficiaient d’avantages particuliers. Cela ne pouvait que se r\u00e9percuter sur l’augmentation du taux de natalit\u00e9. Ainsi, dans les ann\u00e9es 1880, les cons\u00e9quences de la migration massive et du boom d\u00e9mographique parmi les colons arm\u00e9niens ont entra\u00een\u00e9 des changements radicaux dans la composition ethnique de la population du Karabakh. En outre, l’afflux de colons arm\u00e9niens, m\u00eame \u00e0 une plus petite \u00e9chelle, s’est poursuivi tout au long du XIXe si\u00e8cle.<\/span><\/p>\n \u201cLe nombre d’arm\u00e9niens … a augment\u00e9 r\u00e9guli\u00e8rement – en raison de l’immigration p\u00e9riodique des arm\u00e9niens et de leur croissance naturelle<\/span><\/em>, pour laquelle il y avait des conditions favorables en Russie (c’est-\u00e0-dire dans les r\u00e9gions du Caucase du Sud de l’Empire).\u201d Le c\u00e9l\u00e8bre orientaliste sovi\u00e9tique Ilya Petrouchevsky, \u00e0 l’\u00e9t\u00e9 de 1928, qui a dirig\u00e9 une exp\u00e9dition ethnographique dans le Haut-Karabakh, mentionne le village arm\u00e9nien d’Arakul (District de Khojavend). Comme l’a dit l’un des anciens, \u201cles grands-p\u00e8res des habitants actuels d’Arakul<\/em>\u201d sont venus \u201cdu Karadag persan (Nord-ouest de l’Iran) il y a soixante \u2013 dix ans\u201d, <\/em>c’est-\u00e0-dire vers la fin des ann\u00e9es 1850 et le d\u00e9but des ann\u00e9es 1860. Cela t\u00e9moigne du fait qu’apr\u00e8s la migration massive des arm\u00e9niens de 1828-1830, leurs membres de la tribu ont continu\u00e9 \u00e0 s’installer au Karabakh par des communaut\u00e9s enti\u00e8res<\/span>, y fondant leurs propres villages (g\u00e9n\u00e9ralement les originaires d’un endroit en Iran ou en Turquie se sont install\u00e9s ensemble et apr\u00e8s s’\u00eatre r\u00e9install\u00e9s dans le Caucase du Sud). Composition ethnique du Karabakh \u00e0 la veille de l’effondrement de l’Empire Russe<\/strong><\/span><\/p>\n \u00c0 la fin du XIXe et au d\u00e9but du XXe si\u00e8cle, les effets de la migration massive des arm\u00e9niens iraniens et turcs de 1828-1830, ainsi que le boom d\u00e9mographique qui a suivi dans leur milieu, ont commenc\u00e9 \u00e0 s’att\u00e9nuer. De 1889 \u00e0 1914<\/strong>, le rapport entre les musulmans et les arm\u00e9niens dans les territoires de l’ancien khanat du Karabakh a cess\u00e9 de changer en faveur de ces derniers. Dans l’ensemble du Karabakh, la part des arm\u00e9niens est pass\u00e9e de 45.5% (1889) \u00e0 41% (1914)<\/span>, et la part des musulmans n’a pratiquement pas chang\u00e9, restant \u00e0 55%.<\/span><\/p>\n Dans certaines r\u00e9gions du Karabakh, la dynamique ethnique \u00e9tait la suivante:<\/span><\/p>\n L’\u00e9volution de la r\u00e9partition ethnique a \u00e9t\u00e9 influenc\u00e9e par:<\/span><\/p>\n 1) d\u00e9placement d’une partie des arm\u00e9niens vers Apcheron et Bakou, plus industrialis\u00e9s et \u00e9conomiquement d\u00e9velopp\u00e9s;<\/span><\/p>\n 2) exode d’une partie des arm\u00e9niens dans la province d’Erivan apr\u00e8s les affrontements interethniques de 1905;<\/span><\/p>\n 3) la hausse du taux de natalit\u00e9 parmi les musulmans en raison de l’am\u00e9lioration des conditions \u00e9conomiques de la population turque Karabakh en cons\u00e9quence, le d\u00e9veloppement de l’agriculture, de l’\u00e9levage et de l’industrie manufacturi\u00e8re dans le Karabakh \u00e0 la fin du XIXe \u2013 d\u00e9but du XXe si\u00e8cle.<\/span><\/p>\n 4) augmentation de la population slave dans les grandes agglom\u00e9rations du Karabakh.<\/span><\/p>\n Si la dynamique de 1889-1914 se poursuivait et n’\u00e9tait pas interrompue par l’effondrement de l’Empire Russe en 1917, au cours des d\u00e9cennies suivantes, la part des arm\u00e9niens dans la population du Karabakh tomberait \u00e0 35-30%.<\/span><\/p>\n Assurance de la majorit\u00e9 arm\u00e9nienne par le nettoyage ethnique<\/strong><\/span><\/p>\n L’effondrement de l’Empire Russe a entra\u00een\u00e9 le premier conflit long et complet de l’histoire entre les arm\u00e9niens et les turcs. Dans le district de Choucha, les affrontements ont cess\u00e9, puis ont repris de 1918 \u00e0 la fin du mois d’avril 1920, \u00e0 district de Zangezour\u2013 les hostilit\u00e9s se sont poursuivies jusqu’\u00e0 l’\u00e9t\u00e9 de l’ann\u00e9e 1921.<\/span><\/p>\n La R\u00e9publique Arm\u00e9nienne, proclam\u00e9e en 1918 sous la direction du parti nationaliste Dashnaktsutyun, a cherch\u00e9 \u00e0 \u00e9tendre son territoire aux zones \u00e0 pr\u00e9dominance musulmane. \u00c0 cette fin, une politique d’extermination et d’expulsion de la population musulmane a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e afin d’y assurer artificiellement la majorit\u00e9 arm\u00e9nienne.<\/span><\/p>\n Voil\u00e0 ce que le c\u00e9l\u00e8bre orientaliste Ilya Petrushevsky, qui a travaill\u00e9 en Caucase dans les ann\u00e9es 1920-1930s, a d\u00e9crit les actions du gouvernement de la R\u00e9publique arm\u00e9nienne:<\/span><\/p>\n <\/span>\u00abLa politique des Dashnaktsakans pendant la guerre imp\u00e9rialiste de 1914-1918, et la guerre civile en Transcaucasie de 1919-1920, avec leurs tactiques d’aventures sanglantes et d’incitation artificielle \u00e0 la haine ethnique \u00e9trang\u00e8re \u00e0 la paysannerie au nom du fant\u00f4me du grand Hayastan<\/em><\/span> <\/span>\u00ab<\/span>
\n<\/em><\/span>[Adh\u00e9sion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie. Collection de documents. T. I (1801-1813. Maison d’\u00e9dition de l’Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie. Erevan, 1972. Page 562<\/u>]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/span><\/span>[Description de la province de Karabagh, \u00e9tablie en 1823, sur ordre du Gouverneur en chef en G\u00e9orgie Ermolov par le conseiller d’\u00e9tat valide moguilevsky et le colonel Ermolov Le Seconde. Tiflis, 1866<\/a>]<\/span><\/p>\n
\n<\/span>[Recueil de documents pour d\u00e9crire les localit\u00e9s et les tribus du Caucase. Publication du bureau du district scolaire du Caucase. Tiflis, 1891 \/ \/ Division I. Activit\u00e9s artisanales dans certaines localit\u00e9s de Transcaucasie, pp. 62-79<\/u>]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Rapport de I. F. Paskevich pour I. I. Dibich sur la r\u00e9installation des arm\u00e9niens de Perse en Russie du 26.05.1828. Cit\u00e9 par la source suivante: L’annexion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie. Collection de documents. Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie, Erevan, 1972. T. II (1814-1830), P. 497<\/a>]<\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Rapport du chef de la r\u00e9installation des arm\u00e9niens de Perse, le colonel Lazarev, au commandant des troupes russes dans le Caucase, le g\u00e9n\u00e9ral Paskevich, dat\u00e9 du 24.12.1829. Cit\u00e9 par la source suivante: Glinka C. Description de la r\u00e9installation des arm\u00e9niens en Russie. Moscou, 1831. Page 127<\/a>]<\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Le rapport de M. Z. Argutinsky-Dolgorukov pour I. F. paskevich sur le d\u00e9sir des arm\u00e9niens de Bayasette de s’installer dans la r\u00e9gion Arm\u00e9nienne, janvier 1830. Cit\u00e9 par la source suivante: L\u2019Annexion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie. Collection de documents. Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie, Erevan, 1972. T. II (1814-1830), P. 602]<\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Un voyage pittoresque en Az\u0131y, r\u00e9dig\u00e9 en fran\u00e7ais sous la<\/span><\/span> dire<\/span>ction<\/span> d’Eyri\u00e8 et orn\u00e9 de gravures. Moscou, 1840. Page 25]<\/span><\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/span>[Aper\u00e7u des possessions russes au-del\u00e0 du Caucase, dans les relations statistiques, ethnographiques, topographiques et financi\u00e8res. Saint-P\u00e9tersbourg, 1836. Premi\u00e8re partie, P. 20]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n\n
\n<\/em><\/span>[Griboedov A. S. Essais en deux volumes. Moscou: \u00e9ditions Pravda, 1971. T. II-pp. 339-340]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Gazarian I. La r\u00e9installation des arm\u00e9niens de la Perse dans la r\u00e9gion Arm\u00e9nienne en 1828 \/ \/ nouvelles de l’Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie n \u00b0 7, 1957. Page 69]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Adh\u00e9sion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie. Collection de documents. Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie, Erevan, 1972. T. II (1814-1830), P. 608]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Adh\u00e9sion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie. Collection de documents. Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie, Erevan, 1972. T. II (1814-1830), P. 467]<\/span><\/span><\/a><\/p>\n
\n[Mirza Jamal Dzhevanshir de Karabakh. Histoire de Karabakh; journal “Caucase” 1855 n \u00b0 62, Tiflis \/ \/ r\u00e9\u00e9dit\u00e9 par l’Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Azerba\u00efdjan, Bakou 1959]<\/span>).<\/span><\/p>\n
\n<\/span>[Calendrier caucasien pour l’ann\u00e9e 1891. Tiflis, 1890. Annexe “Donn\u00e9es sur l’espace et la population de Transcaucasie”, P. 9-11]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/span>[Calendrier caucasien. Tiflis, 1908. pages 81 et 82]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/span>[Calendrier caucasien pour l’ann\u00e9e 1892. Tiflis, 1891. Annexe “Donn\u00e9es sur l’espace et la population de Transcaucasie”, P. 24-25]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Adh\u00e9sion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie. Collection de documents. Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie, Erevan, 1972. T. II (1814-1830), P. 464]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Adh\u00e9sion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie. Collection de documents. Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie, Erevan, 1972. T. II (1814-1830), P. 467]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Glinka C. Description de la r\u00e9installation des arm\u00e9niens en Russie. Moscou, 1831. Page 108]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[R\u00e9gion autonome du Haut-Karabakh. Atlas De L’Union Des R\u00e9publiques Socialistes Sovi\u00e9tiques. Ed. CEC URSS, 1928]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/em><\/span>[Tavakalian N. L\u2019adh\u00e9sion de l’Arm\u00e9nie orientale \u00e0 la Russie et son importance progressive \/\/ journal des sciences sociales de l’Acad\u00e9mie des sciences de la RSS d’Arm\u00e9nie. Erevan, 1978 n \u00b0 10, P. 13]<\/span><\/a><\/span><\/p>\n
\n<\/span>[Petrouchevsky I. Sur les croyances pr\u00e9-chr\u00e9tiennes des paysans du haut-Karabakh. Bakou, 1930. Page 21<\/span>]<\/span><\/p>\n\n
\n[Calendrier caucasien pour l’ann\u00e9e 1892. Tiflis, 1891. Pages 24 et 25;<\/a> Calendrier caucasien pour l’ann\u00e9e 1897. Tiflis, 1896. Division V, P. 44 et 45<\/a>; Calendrier caucasien pour l’ann\u00e9e 1907. Tiflis, 1906. Annexe III “R\u00e9partition de la population du territoire transcaucasien par religion et langue maternelle selon le recensement de 1897”, P. 105-110;<\/a> Annexe ” population Autochtone de la province d’Elizavetpol au 1er janvier 1905\u00bb, P. 234-237<\/a>; Calendrier caucasien pour l’ann\u00e9e 1915. Tiflis, 1914. Division de statistique, P. 230-233]<\/a><\/span><\/span><\/li>\n<\/ul>\n